La consommation de produits laitiers : s’instruire sur les dangers pour participer au changement

La consommation de produits laitiers : s’instruire sur les dangers pour participer au changement

Crédit photo : Maddison Fantillo via Unsplash

“Most humans know little about the daily oppression and suffering of other animals. Few ponder the sentience or experience of life of other animals; most are too busy trying to make ends meet financially, or merely to survive day to day. Even among the relatively few human animals who do consider, grieve, and even protest their circumstances and those of the other animals on the Earth, even fewer consider the underlying roles played by the capitalist system and patriarchy.”

-David Nilbert, Animal Oppression and Capitalism

 

Durant les chaudes journées d’été, surtout avec les canicules qu’on a eues cette année, la majorité des personnes aiment se rafraîchir en allant acheter une crème glacée au bar laitier du coin, ce qui peut sembler complètement innocent. Vous pourriez être surpris d’apprendre que vos quelques minutes de plaisir équivalent à une vie entière de souffrance. Même si les crémeries commencent de plus en plus à offrir des options véganes, la plupart des gens ne sont pas encore prêts à changer leur commande habituelle. Une des principales raisons est que plusieurs pensent encore que consommer des produits laitiers n’est pas un problème, que ce n’est qu’un produit de l’animal et que, étant donné que ça ne le tue pas, ce n’est pas grave. Malheureusement, ça ne pourrait pas être plus loin de la vérité.

Grâce à la sensibilisation grandissante à propos des produits d’origine animale dans les dernières années, de plus en plus de personnes choisissent une alimentation à partir de plantes. Par contre, on peut voir qu’un creux s’est créé entre les végétariens (ceux qui ne mangent pas de viande, mais qui consomment des produits laitiers) et les véganes (ceux qui ne consomment ni de la viande, ni des produits laitiers). Alors que certains pensent qu’être végétarien est « mieux que rien », d’autres pensent que c’est immoral de consommer des produits laitiers, et qu’être végétarien n’est pas assez étant donné que plusieurs animaux souffrent beaucoup. Ce débat soulève quelques questions. Comment est-ce que la consommation de produits laitiers affecte les animaux qui sont forcés d’aider à la production? Et en tant que véganes, est-il bénéfique ou non de condamner les végétariens pour leur consommation de produits laitiers?

Pourquoi faut-il avoir peur de la production laitière

Beaucoup de personnes ne comprennent pas l’impact d’un innocent cornet de crème glacée molle. Comme les humains, le corps de la vache femelle commence à produire du lait durant la grossesse pour se préparer à nourrir ses bébés. Selon Tracy Harris, autrice du livre « The Problem is Not the People It’s the System: The Canadian Animal Industrial Complex », les vaches n’ont pas la chance de vivre leur mode de vie naturel dans les fermes. Au lieu, les femelles sont séparées de leurs enfants quelques jours après la naissance de ceux-ci, si ce n’est pas immédiatement après, ce qui cause une détresse sévère qui se développe autant pour la mère que pour son veau. Mais pourquoi est-ce que les fermes laitières fonctionnent de cette manière si ça cause un si grand stress sur les animaux?

Parce que si le veau se nourrit du lait de sa maman, la production est interrompue et il n’y a pas assez de produits à vendre dans les épiceries pour remplir la demande.

Comment la production de lait affecte les animaux

Quand une vache femelle donne naissance à un mâle, il est envoyé à une ferme pour les veaux, généralement dans les 24 heures suivant la naissance, pour être abattu en dedans de 4 à 5 mois après son arrivée dans la ferme. Selon une étude faite par l’American Veterinary Medical Association en 2008, les veaux sont habituellement attachés dans des petits enclos et souffrent souvent de maladies telles la diarrhée, la pneumonie et la boiterie. Cela pourrait être dû, du moins en partie, à la diète qu’ils se font imposer et qui est intentionnellement basse en fer pour maintenir une chaire rose pâle.

Si une femelle met au monde une autre femelle, le veau femelle va être forcé à devenir enceinte à son tour après seulement 1 an de vie, ce qui enclenche le même cycle abusif qu’on remarque dans la production de lait de vache.

La vie à laquelle elles ont droit est un enfer sur terre. Comme les vaches sont souvent décrites comme étant passives et sans émotion, il peut être surprenant d’apprendre qu’elles expérimentent une grande gamme d’émotions comme nous. Les mères sont reconnues pour courir après le camion qui emmène leur enfant loin d’elles. Elles vont même, parfois, jusqu’à essayer de cacher leurs bébés, ce qui démontre clairement une peur de les perdre ou de les voir vivre de la douleur. Dans une entrevue en 2019, un fermier a même avoué que la mère peut pleurer plusieurs jours après que ses bébés aient été emmenés loin d’elle.

L’abus horrifique et la souffrance qu’elles endurent continuent d’être passivement acceptés par la société parce leurs émotions ne sont pas prises en compte de la même façon que les émotions humaines. Au lieu, les vaches sont vues comme des objets que nous pouvons utiliser à notre avantage au lieu d’être comprises comme des êtres sensibles qui méritent de vivre en paix.

Les végétariens VS les véganes : un combat légitime?

Dans les dernières années, on remarque une différence dans la mentalité des gens en lien avec leur relation avec la nourriture et les animaux. Depuis quelques décennies, les personnes se demandent plus si la viande est une partie essentielle de leur alimentation. Mais plus récemment, on constate que le questionnement tourne maintenant plus autour des produits laitiers. Est-ce qu’ils sont indispensables?

Ce changement est important, parce qu’il prouve qu’on commence à penser de manière plus critique, qu’on questionne notre consommation alimentaire et ceux que cette dernière affecte. De plus en plus de conscientisation sur la souffrance animale sur les fermes laitières continue d’être faite et cela encourage les personnes à poser des actions pour aider la cause. Mais certains véganes et activistes pour le droit des animaux, qui sont, bien entendu, bien intentionnés, critiquent les végétariens pour leur consommation de produits laitiers. Et cela soulève plusieurs questions en lien avec le combat pour la libération des animaux. Est-ce que pointer du doigt les végétariens encourage le véganisme ou est-ce que ça affecte le mouvement pour les droits des animaux? Et si ça l’affecte, est-ce que ça vient réduire l’efficacité de ce mouvement?

En tant que véganes, est-ce qu’on ne pourrait pas lancer une discussion avec les végétariens et les éduquer à propos des horreurs de l’industrie laitière qu’ils ignorent peut-être? Ne pourrions-nous pas leur démontrer pourquoi le véganisme est une importante solution pour résoudre ces horreurs? En tant que communauté qui encourage l’ouverture d’esprit, est-il contre-productif d’être exclusif aux autres qui tentent de rejoindre le combat? Je crois que, si le choix d’être végane est fait pour les bonnes raisons, il ne devrait pas amener à ostraciser ceux qui tentent de changer leurs habitudes de vie et de réduire leur consommation de produits animal. Pourquoi ne pas s’en servir comme des alliés? Unissons nos voix avec les leurs pour éduquer ceux qui manquent le plus de sensibilisation sur la cruauté animale. N’est-ce pas eux qui demandent notre plus grande attention et non ceux qui sont déjà de notre côté?

Dans un article, Stevan Harnad, chercheur et plaidoyer pour le végétarisme, traite du fait qu’il a aujourd’hui honte d’avoir été aussi longtemps végétarien. Qu’il se sent hypocrite quand il pense aux discours qu’il a tenus pour aider les animaux et leur donner la liberté alors qu’il consommait lui-même des produits laitiers. C’est lors d’une conférence qu’il a finalement remis en question son propre rapport aux animaux et a décidé de changer ses habitudes de vie. Il était déjà conscientisé, il ne manquait que ce pas de plus pour lui faire ouvrir les yeux encore plus. Cet exemple démontre comment l’éducation et la sensibilisation sont importantes pour que les gens arrêtent de consommer des produits laitiers et, dans un même temps, de condamner plusieurs êtres sensibles. Le véganisme doit être compris et devenir un mode de vie accessible pour tous.

 

Ce que vous pouvez faire

Changer vos habitudes alimentaires

S’éduquer sur la réalité des vaches laitières et sur les conséquences horribles qu’a votre consommation de produits laitiers sur ces vaches peut ne pas être facile, mais heureusement, il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour changer vos habitudes. Plusieurs d’entre nous aiment avoir du lait dans notre café et nos céréales le matin ou dans notre thé l’après-midi, mais êtes-vous au courant qu’il a plusieurs moyens de remplacer le lait dans votre alimentation? Essayez le lait de soja dans votre café ou dans vos céréales, le lait de coco dans vos smoothies et desserts, et le lait de cajou dans vos soupes et curry.

La coconut, les amandes et les yogourts de soja sont un bel ajout à votre bol de fruit du matin. Les cajous, les amandes et le tofu font des délicieux fromages et tartinades véganes. Les possibilités sont infinies et il y a beaucoup d’options qui existent de plus en plus que le lait de vache n’est juste plus nécessaire à présent. Quand la tentation grandit, demandez-vous si les quelques minutes de plaisir que vous obtenez de votre morceau de fromage valent la peine face à la souffrance et la douleur d’une vache qui dure toute sa vie.

Aujourd’hui, il n’y a plus de raisons de ne pas faire ce changement parce que l’industrie de la nourriture végane a tellement grandi qu’il est possible de manger bien sans avoir à vraiment faire de sacrifice. La plupart des restaurants et des bars laitiers s’ajustent à la demande et permettent de ne pas se sentir exclus lorsqu’on est le seul dans notre groupe d’ami à manger végane. Certaines crémeries offrent maintenant de la crème glacée molle sans produits laitiers. Continuons à encourager les compagnies à devenir véganes et à participer à ce changement nécessaire.

Éduquer ceux autour de vous

Même si c’est facile de se sentir frustré quand on parle à quelqu’un qui n’est pas végane, il y a des moyens efficaces d’éduquer et de faire de la sensibilisation. Discutez des raisons qui vous ont poussé à choisir ce mode de vie avec vos amis et votre famille. Partagez des recherches avec eux pour les rendre conscients des réalités de l’industrie laitière. Introduisez vos amis et votre famille à toutes les options sans produits laitiers et aux recettes succulentes qui existent autour d’un bon souper. Organisez une soirée cinéma avec vos amis et regardez un documentaire qui expose la cruauté animale dans les fermes laitières. Ou encore un club de lecture où vous pouvez ouvrir des discussions sur les produits laitiers pour aider votre entourage à réfléchir aux manières qu’ils peuvent aider à prévenir la cruauté animale sur les fermes. Joignez un groupe ou un organisme pour le bien-être des animaux comme la Société pour la protection des animaux (SPA Canada) qui a toujours besoin de bénévoles passionnés avec des habiletés diverses. Les opportunités de s’éduquer et de conscientiser les autres sont infinies!

S’unir pour mieux s’instruire

Le véganisme, c’est un combat, c’est une prise de parole politique, c’est un changement. Il y a un problème évident qui existe, un problème que plusieurs personnes ne comprennent pas encore ou qu’ils pensent ne pas en être un réellement. Pendant longtemps, plusieurs d’entre nous ont pensé que l’industrie laitière était moins pire que d’autres. La publicité et les techniques de marketing mènent à croire que les vaches vivent une belle vie dans les fermes. Aujourd’hui, en 2020, on sait que ce n’est pas vrai. Mais plusieurs véganes n’auraient pas pu arriver à changer leur mode de vie s’ils n’avaient pas eu un ou une ami.e patient.e pour répondre à toutes leurs questions. La plupart des personnes sont conscientes que l’industrie laitière est problématique, mais ils ne savent pas réellement à quel point elle l’est ou ils ne voient pas comment ils pourraient aider. Souvent, la sensibilisation et l’éducation provenant de conversations, de recherches et de documentaires sont les clés du changement.

Pour ces raisons, les véganes devraient laisser la porte ouverte à ceux qui veulent entrer. Leur crier des insultes de l’autre côté d’une porte fermée ne changera pas leur façon de penser, mais va, au contraire, les repousser. Leur faire penser que ce combat ne leur est pas accessible, qu’il appartient à ceux qui se trouvent derrière la porte. En informant les végétariens de façon à les faire remettre en question leur consommation de produits laitiers, on peut faire de ce combat le combat de tous, et apporter un réel changement pour les animaux qui en ont désespérément besoin.